Aujourd'hui, journée en mer. Repos.
J'ai envie d'écrire.
Hier soir, les motards sont montés en
premier. Ensuite chacun devait fixer sa moto au sol avec des sangles.
L'équipage ne touche pas à ta moto ; chacun est responsable de
sa monture. Façon Lucky Luke et Jolly Jumper.
Nous étions une vingtaine de motards :
des allemands, des autrichiens, des finlandais... Et un français !
On s'est aidé, donné des conseils, bref la communauté des motards
s'est créée. J'aime ça même si je n'ai pas pour projet de vivre
les semaines à venir au sein d'une bande de motards.
Ensuite je me suis installé dans ma
cabine : j'ai pris le moins cher, cabine pour 4 partagée. Je me
retrouve avec en dessus de moi un finlandais qui revient en Suzuki
Hayabusa d'une virée en Alsace et en Allemagne et à côté un
allemand qui se rend en Russie en quad. Le quatrième est plus jeune
que nous et je n'ai pas entendu le son de sa voix.
Ce matin réveil à 7h30. En fait, 8h30
heure finlandaise. 9H30, brunch. Depuis, je glande en tongs et short.
Sieste au soleil cet après-midi, puis à l'ombre. Je recharge les
batteries. A table, je suis à côté d'un couple franco-finlandais
de mon âge. Échanges riches et intéressants.
Je profite de ce moment calme pour
essayer d'écrire (ou décrire ?) ce à quoi j'ai pu penser
derrière mon guidon au cours des 1300km parcourus depuis mardi
matin.
Mardi matin, du côté de Besançon, je
repensais à cette dernière année. Je ne peux pas partir et oublier qu'il y a un an je pleurais de
peur de mourir parce j'apprenais que cet enculé de crabe avait
décidé de s'installer dans ma prostate.
Là, je pleurais de joie et
d'émotion dans mon casque.
J'étais heureux de partir réaliser ce
rêve au moment que j'avais choisi depuis plusieurs années.
J'étais heureux de me sentir en pleine
forme.
J'étais heureux d'être un
grand-père.. En vadrouille !
J'étais heureux de me sentir à la
retraite.
J'étais heureux d'avoir pu préparer
ce périple malgré les contraintes et aléas de dernière minute
(une pensée pour la …....... (chacun y mettra le qualificatif qui
lui semble adéquat) qui a renversé ma moto le 13 juin).
Je ne peux pas envisager de trouver
l'origine de ce bonheur dans une quelconque fatalité, une puissance
extérieure et/ou supérieure ou pire encore dans un mérite. Alors
j'en arrive à la vraie raison de ce moment d'écriture : je
veux tous vous dire merci.
Merci pour tous vos messages, votre
présence et vos témoignages depuis un an. Que ce soit l'an dernier
ou ces derniers jours, vous n'imaginez pas le bien que vous m'avez
fait.
Merci pour toutes les aides reçues,
qu'il s'agisse des soignants (y compris le chirurgien qui m'a
débarrassé de 1400€ et de ma prostate), de Romuald de Grom'Moto
et de Raphaël pour la technique (chez Perrine et Raphaël, c'est
mieux que chez Dafy et ils sont à côté !), des couzonnais
« œnologues » (clin d’œil à PD, certainement le
membre le plus actif du club...), de ceux qui ne sont ni couzonnais,
ni alcooliques, de ma famille et de ma belle famille, de mes fils (je
sais que vous avez eu peur pour le vieux), de ma belle-fille et bien
sûr de Christine.
Christine qui est toujours là quand
j'ai besoin d'elle, avec qui nous partageons des envies et
construisons encore des projets après 40 ans de vie commune. Merci
Christine. Tu ne m'as jamais empêché de partir, mais j'ai bien
perçu tes inquiétudes avant mon départ. Je te remercie de me
permettre de vivre ce voyage, tous les conjoints ne le feraient pas.
Je sais que je vais vivre des choses splendides dans le Nord sans toi
mais j'attends déjà impatiemment nos retrouvailles.
Merci à vous tous, vous êtes avec
moi !
Voilà, ça fait longtemps que je vous
emmerde avec mon voyage, vous redoutez peut-être que je vous saoule
au retour et vous avez certainement raison, mais en plus, je vous
écris alors que vous me croyez parti ! M'en fous ! Ça m'a
fait du bien d'écrire, de vous écrire.
Prenez soin de vous !